Né à Lille le 13 février 1809 – Mort à Bièvres le 7 juin 1897

Victor Mvictor-mottez-tombeottez acheta en 1866 une modeste propriété située dans le vallon de Bièvres à quelques mètres de ses amis Bertin.
Cette maison a été démolie, et son emplacement exact nous est inconnu.
C’est là qu’il habita jusqu’à la fin de sa vie, c’est-a-dire pendant 31 ans. Il est mort à Bièvres.

« Son corps repose dans le cimetière de ce Bièvres qu’il a tant aimé, où il a tant travaillé, élevé ses enfants et entretenu les relations les plus amicales avec la famille Bertin… »
Extrait de Victor Mottez par René Giard

 

 

Après avoir commencé ses études à Lille, il entra à l’école des Beaux-Arts de Paris le 31 mars 1829. D’abord élève de Picot, il passa ensuite dans l’atelier d’Ingres.
Il débuta au Salon de 1833 et obtient des médailles en 1838 et 1845.
Chevalier de la Légion d’Honneur le 4 novembre 1846.

L’un des plus doués parmi les disciples d’Ingres, il vécut à Rome dans son intimité. Engoué de peintres « primitifs » il étudia leurs procédés et remit en honneur la technique de la fresque.
Il traita ainsi son chef-d’œuvre, le « portrait de sa femme » (1840) transposé sur toile à la demande d’Ingres (Louvre).
Sa femme lui servit encore de modèle pour deux beaux portraits à l’huile, l’un de 1833, au musée de Lille, l’autre de 1842, au Petit-Palais de Paris.
On lui doit la décoration de la Chapelle Saint-François de Sales et de la Chapelle Sainte Anne et Sainte Marie à l’église Saint-Séverin de Paris, la décoration de la Chapelle Saint Martin, à l’église Saint-Sulpice ainsi que « Les quatre évangélistes », « le reniement de Saint Pierre », « Jésus au jardin des oliviers » pour l’église Sainte Catherine, à Lille.
La plus importante décoration, le porche de Saint Germain l’Auxerrois, exécutée sur fond d’or, est maintenant détruite.
Il donna, en 1858, la traduction du Traité de peinture de Cennino Çennini.
Il fit également de nombreux portraits.

« L’église de Bièvres ne possède de M. Mottez qu’un vitrail qu’il a composé et qu’il a fait exécuter : il représente St Martin à cheval, dans un médaillon, et le même, assis dans la chaise Pontificale. L’exécution n’a pas répondu au dessin.
M Mottez en restant à Bièvres s’est fait oublier. Sa maison est remplie de ses œuvres et de copies prises au cours de ses voyages artistiques. Plusieurs de ces copies achetées pour le musée projeté par M.M. Thiers et Jules Simon ont été disséminées : quatre d’entre elles ornent la salle de Melpomène, aux Beaux-Arts. Les orignaux sont dans l’église des Carmes à Florence.
Marié trois fois, M. Mottez a eu deux enfants : Henri l’aîné, peintre, musicien et graveur, dont l’église de Bièvres possède une Sainte face ; et Jean, lieutenant de vaisseau dans la marine de l’Etat, qui compte parmi les officiers glorieux, plusieurs membres de la famille Mottez. »
Extrait de la monographie communale

Certaines de ses œuvres sont exposées dans les musées suivants :

Chantilly : Le Duc d’Aumale.victor_mottez
Dijon : Phryné et ses juges.
Lille : Mélitus, quarante quatre cartons et esquisses.
Nantes : Ulysse et les sirènes.
Paris : Portrait de Mme Mottez, fresques du pavillon de Marsan.
Au Petit-Palais : Julie Mottez (1842).

Du livre de René Giard : Victor Mottez, d’après sa correspondance, nous avons extrait quelques lettres dans lesquelles il parle de Bièvres, de son travail, de ses contemporains…

Paris, le 20 mai 1859
…J’ai passé hier un assez long temps dans l’atelier du Père Ingres qui me témoigne toujours beaucoup d’amitié. Nous avons causé de tout ce qui se fait autour de nous. Il en est profondément affecté. Les influences puissantes auprès du monde de gens tels que Gérard, Delaroche et Delacroix le font littéralement bondir. Il attribue à cela l’état dans lequel nous sommes. Le public a adopté leurs écoles parce qu’elles sont ignorantes comme lui…
Ce pauvre homme prend cela trop chaudement. En me parlant d’un article des Débats où Berlioz éreinte Mozart, qui avait paru le matin même, il n’a pu s’empêcher de pleurer. Il est à deux doigts de penser que des êtres comme Delacroix, Delaroche, Berlioz, Meyerbeer, Paganini, Chenavart, etc., sont des produits du Diable formés pour une influence pernicieuse et il appuie son système sur leur conformation physique.

Paris, 4 avril 1864
.. .Mlle Louise Bertin m’a proposé le portrait de sa petite nièce, la fille de Dedette une petite tête seulement pour 2.000 fr. Tu comprends que je n’ai pas refusé et que je me suis mis à la besogne de suite.

Paris, 24 novembre 1865
… J’ai commencé et je terminerai aujourd’hui mes esquisses pour la ville. J’espère qu’elles seront bien. J’ai encore eu là de l’embarras. Le curé de Saint-Séverin est tellement en brouille avec la ville qu’il ne voulait plus parler des sujets…
Voyant que je ne pouvais pas obtenir une solution je lui ai dit que je ferai à ma manière et que je les lui montrerai. Nous nous sommes quittés très bons amis.
Par le fait je n’ai rien changé : j’ai fait d’un côté le Père maudissant le Serpent et de l’autre la Vierge écrasant sa tête et à genoux dans le bas Isaïe avec ses prophéties et le Pape avec la bulle de sorte que l’idée reste entière en deux tableaux. Tout mon embarras aujourd’hui c’est : où les pourrai-je faire ? Je ne crois pas que l’atelier d’Ed. Bertin à Bièvres puisse contenir un tableau de 4 m 80 de haut et s’il faut que j’attende le mien je crains de devoir attendre longtemps et comme c’est avec ces tableaux là que je dois payer la maison, je ne puis pas attendre…

Bièvres, 18 octobre 1867
La vallée de Bièvres me porte au travail…

Bièvres, 28 mars 1869
…Je tâcherai de faire bientôt le carton du vitrail de Bièvres… Je ferai le Saint Martin en évêque assis.

« Ce vitrail existe encore mais il a été mal restauré et détérioré. (La partie inférieure du vitrail a disparu). (Note de l’auteur). »

Bièvres, 8 août 1869

…Je t’avais dit que j’avais plusieurs petits tableaux tout près d’être finis. C’est vrai mais je n’ai réellement terminé que l’Enfant et le Maître d’école que tu connais.
La dernière main que j’y ai mise l’a considérablement amélioré et Violet-le-Duc qui est venu comme je finissais a été d’un enthousiasme que je ne lui connaissais pas. Je compte y faire un pendant : le Pont, seule chose qui reste du vieux Château de Bièvres m’a fourni un charmant motif. Je n’aurai qu’à copier la nature et j’y mettrai le Vieillard, l’âne et les voleurs…
…Quoi que tu dises des honneurs académiques je ne les regrette pas… Je n’ai jamais demandé qu’à vivre.
Je travaille dans ce but là. Les honneurs, surtout ceux là, me semblent fumée trop légère. Tu dis que le silence s’est fait autour de moi. Cela est vrai, comme autour de tous mes camarades. Le monde vous quitte quand on ne le quitte pas. L’âge vous isole. Il n’y a que cela de triste quand on se porte bien, mais c’est un genre de tristesse dans lequel il y a du dégoût et qui vous fait chérir la solitude…

Madame Edouard Bertin

C’était véritablement une grande dame. Vêtue d’une ample robe de soie noire à courte taille, la tête coiffée d’une légère dentelle sur ses cheveux en bandeaux, elle avait une noblesse naturelle et une simplicité de bon ton.
Elle personnifiait pour moi cette haute bourgeoisie 1830 qui avait vraiment grand air. La bonté de cette âme simple et droite se lisait dans l’expression bienveillante de son visage et je la vois toujours assise dans son fauteuil, entourée des œuvres de son mari qui fut un paysagiste de talent, recevant dans ce grand salon aux tapis moelleux et aux lourdes tentures qui impressionnaient mon enfance.
Cette impression était effacée par la douceur du regard affectueux qu’accompagnait régulièrement la petite boîte de Cotignac.

Jugement d’Henri Mottez
cité dans Victor Mottez de René Giard

Les fresques du Salon Bertin

II y a un Mottez bien plus brillant et original que le Mottez portraitiste et « Ingriste », c’est le Mottez fresquiste. Il a été le premier et le plus grand fresquiste qu’on ait connu en France depuis le Moyen Age.
Victor Mottez exécute (en 1846-1847) pour le salon des Bertin rue des Saints-Pères à Paris, deux fresques : La Danse et la Musique.
En 1854 à la suite de la mort d’Armand Bertin, les Bertin abandonnèrent leur appartement et Madame Jules Bapst, née Marie Bertin demanda à Mottez la permission de détruire les fresques. « Vous comprendrez certainement, écivait-elle le 20 février 1854, combien il nous serait dur de laisser dans une maison étrangère les portraits de mon père, ma mère et de tant de nos amis ».

Extrait de Victor Mottez par René Giard

Source : Bièvres et ses célébrités au 19e siècle

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