Depuis plusieurs années, le marché des désodorisants d’intérieur est en pleine croissance. Tout comme celui des huiles essentielles. Respirer leur parfum est-il bon pour la qualité de l’air intérieur ? Des études récentes permettent de faire le point.

Les désodorisants combustibles (encens, bougies…)

Une étude de l’ADEME a d’ores et déjà montré que les désodorisants combustibles (bougies, encens…) émettaient des polluants (benzène, formaldéhyde, particules fines…) préjudiciables pour la santé des occupants (risques d’irritations des voies respiratoires…) et que des effets sanitaires à long terme (augmentation du risque de cancer).

L’utilisation des bâtons d’encens se traduit ainsi par des concentrations élevées en benzène, toluène, éthylbenzène, styrène, formaldéhyde, acétaldéhyde et acroléine. On relève également des concentrations d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des concentrations de particules élevées.
Pour les encens, les concentrations sont les plus élevées pendant la combustion et pendant l’heure suivant la fin de la combustion avant de diminuer sous l’effet de l’aération de la pièce. Les encens sont également plus émissifs en particules que les bougies mais présentent des particules plus grosses (de 80 à 190 nm).

Les niveaux de polluants volatils émis par les bougies parfumées sont nettement plus faibles que ceux relevés pour les encens.Par ailleurs, les bougies émettent globalement moins de particules que les encens, mais les particules émises sont plus fines (diamètre < 100 nm), sauf juste après l’extinction de la bougie (état fumant de la bougie).

En conclusion de cette étude, il est rappelé que :
> aucune situation préoccupante n’est attendue pour les expositions chroniques associées aux usages les plus courants ;
> mais que certaines pratiques (fréquence et durée d’utilisation élevées, plusieurs produits utilisés simultanément, etc.) et certaines caractéristiques environnementales (volume de la pièce, taux de renouvellement d’air, etc.) peuvent conduire à des expositions chroniques dépassant les valeurs repères usuelles (Quotient de Danger – QD > 1, Excès de Risque Individuel – ERI > 10-5), ce qui suggère un besoin de limiter ce type d’expositions.

LES Désodorisants non combustibles (vaporisateurs, gels diffuseurs,  bâtonnets imbibés de parfum liquide …)

Un projet de recherche mené par la Direction Santé Confort du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), le Laboratoire Chimie Environnement d’Aix-Marseille Université et la Direction des Risques Chroniques de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris).

Le premier constat de cette étude : les indications figurant sur les étiquettes des diffuseurs de parfums étudiés sont souvent incomplètes par rapport aux résultats obtenus en laboratoire et ne permettent donc pas de savoir ce qui sera réellement émis dans l’air intérieur lors de l’utilisation desdits produits.

Second constat : 28 % des substances détectées dans le cadre de cette étude ont une valeur de toxicité permettant leur prise en compte dans l’évaluation des risques sanitaires. Il apparait en ce sens prudent voire nécessaire de diminuer les expositions les plus chroniques et aiguës aux émissions de ces désodorisants (les sprays et aérosols notamment) dont certains émettent :

  • de l’acroléine, pouvant causer des problèmes respiratoires, des irritations nasales et de la gorge ;
  • du benzène, potentiellement cancérogène ;
  • du limonène, toxique pour le foie notamment ;
  • du formaldéhyde, irritant pour les yeux ;
  • des particules fines.

Couplé à d’autres produits (produits ménagers, encens, bougies…) qui émettent ces substances, elles n’en sont que plus dangereuses pour les occupants des logements. Il est donc fortement recommandé de limiter l’exposition des personnes vulnérables, tout particulièrement : les personnes asthmatiques, les enfants en bas-âge ou encore les femmes enceintes.

Enfin, il est apparu dans l’étude sur ces produits désodorisants que la première utilisation était plus émissive que les suivantes. Si vous décidez de recourir aux désodorisants d’intérieur « non combustibles », réservez la première utilisation de votre produit pour l’extérieur avant de l’utiliser à l’intérieur, de préférence dans une pièce spacieuse et disposant de bonnes solutions d’aération.

Les huiles essentielles

Les citoyens, aujourd’hui, ont en effet tendance à percevoir comme sains les produits étiquetés « à base d’huiles essentielles » et pensent en conséquence qu’ils présentent peu de risques pour l’air intérieur ou pour la santé.

Pourtant, ces produits ménagers ne contribuent pas à assainir l’air intérieur comme on peut le penser… Si les huiles essentielles disposent de propriétés antibactériennes, elles peuvent aussi irriter les voies respiratoires ou causer des allergies. Comme le montre un projet de recherche, mené par le CSTB et l’IMT Nord Europe, elles émettent des composés organiques volatiles (des terpènes notamment) et réagissent au contact des oxydants de l’air intérieur pouvant provenir par exemple des éléments de construction ou de décoration de votre habitat (revêtement de sols, cloisons, isolants…).
Bien que naturelles et issues de plantes, les huiles essentielles ne sont donc pas sans impact sur la qualité de l’air dans la maison, ni sans impact sur la santé.

Une maison saine, c’est une maison qui ne sent rien !

Une odeur agréable n’est pas nécessairement synonyme d’un air sain. Le propre n’a pas d’odeur. Pour assainir votre air durablement et limiter votre exposition à des émissions préjudiciables à votre santé, voici quelques conseils simples :

  • aérez et ventilez votre logement tous les jours, même en hiver ;
  • veillez à maintenir le taux d’humidité de votre logement entre 40 et 60 % et une température entre 18 et 22 °C ;
  • nettoyez le plus souvent possible sans produits chimiques mais en utilisant de la vapeur, des chiffons humides ou en microfibres. Pour les vitres et les sols, l’eau très chaude ou la vapeur suffisent la plupart du temps ;
  • limitez l’utilisation de désodorisants à l’intérieur de votre logement. Et si vous cédez à l’impulsion, effectuez la première utilisation à l’extérieur du logement ;
  • si vous fabriquez vous-même vos produits ménagers, limitez le nombre d’ingrédients et les quantités d’huiles essentielles utilisées ;
  • en cas d’achat de produits ménagers, privilégiez ceux qui justifient d’un label environnemental ;
  • pour les produits à base d’huiles essentielles, préférez les diffuseurs transitoires pour éviter l’accumulation des COV terpéniques et limiter leur réactivité dans l’air intérieur (formation de polluants secondaires) ;
  • évitez de faire brûler de l’encens ou des bougies parfumées.

Enfin, restez prudent à l’égard des allégations vantant les qualités assainissantes portées sur les désodorisants, y compris lorsqu’ils sont vendus en pharmacie.

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