Le château de Bel Air construit au XVIIe siècle pour Louise de LA VALLIERE (1644-1710) par Louis XIV fut l’une des libéralités du Roi-Soleil envers sa bien-aimée, première des grandes favorites « celle qui aima le roi et non la royauté ».
Très sobre, ce château est une belle construction rectangulaire d’un étage, à hautes fenêtres, perron sur les deux façades, toit d’ardoises percé de lucarnes. (1) Une route tracée en ligne droite reliait le domaine à Versailles.
Il subsiste encore quelques vestiges de l’entrée du parc. Ce château est actuellement occupé par le commandement de la C.R.S. n° 8 ; au premier étage, la chambre de la Duchesse de LA VALLIERE est l’actuel bureau du Commandant.

Au XVIIIe siècle, Georges MARESCHAL, premier chirurgien de Louis XIV « propriétaire incontesté de la seigneurie de Bièvre et des fiefs » (2) possède quelques terres à Bel Air que ses héritiers cèdent par acte passé devant le notaire de Paris, le 29 novembre 1777, à Monsieur BLACQUE (3).

En 1807, Monsieur Louis Godard de PLANCY acquiert le domaine des héritiers BLACQUE. Louis Godard d’AUCOUR de PLANCY, bourgeois à Paris, demeurant rue Joubert, réside à Bièvres. Il acquiert non seulement Bel Air mais aussi des bois et des terres situés à la Bretonnière, plaine de Giry (actuellement plaine de Gisy) et au Chêne Gourd.

En 1810, la superficie de Bel Air est de 36 arpents 77 perches et 65 mètres, composée de bois pour la partie principale, de terre plantée, friches, pâture, terres, mare et une pièce d’eau empoissonnée. Le château et les bâtiments annexes s’étendent sur 29 perches, le jardin d’agrément comprend 1 arpent 15 perches 70 mètres et le jardin potager 58 perches 95 mètres. (4)

En 1820, des acquisitions successives permettent l’extension du domaine, sa surface est alors de 39 arpents 43 perches 45 mètres(5).
A partir de cette année-là, Monsieur de PLANCY s’implique dans la vie communale, il est nommé membre du conseil municipal de Bièvres par Monsieur le Préfet, il prête serment lors de la séance du conseil municipal du 30 avril 1820. (6)
Son épouse s’éteint à Bièvres le 17 septembre 1859.
Monsieur de PLANCY est alors âgé de 82 ans, il gardera Bel Air jusqu’en 1866. Jean Baptiste Louis Hypolite TEXTORIS lui succède et devient propriétaire du domaine en 1866. (7)

Lors des évènements de 1870-1871, Bel Air subit deux occupations. La première pendant la guerre de 1870, Bièvres envahi par l’ennemi est occupé pendant 6 mois par l’armée allemande, le château de Bel Air devient quartier général des prussiens où réside l’Etat-major. La seconde se situe aux premiers jours de la Commune, les soldats de la Commune viennent au château et à la ferme de Gisy ; quelques temps après, Bel Air est le quartier du chef de l’expédition contre les révoltés de Paris. Bièvres est de nouveau place de guerre (8).
La partie boisée du domaine est lourdement endommagée par les Prussiens (bois coupés pour le chauffage) ; quant au château, le propriétaire, M. TEXTORIS, constate de multiples dévastations et pillages (notamment des toiles de Fragonard) (9).
En avril 1889, Madame Veuve TEXTORIS vend la propriété à M. et Mme de GARGAN. Quelques semaines après, le Baron et la Baronne de GARGAN consentent un legs important envers les Missions Etrangères de Paris : don de la propriété de Bel Air et construction d’un séminaire sur ce site. (10)
Le Baron et la Baronne Théodore de GARGAN dont la générosité s’était déjà manifestée au cours des années précédentes au profit des Missions Etrangères de Paris, résident à Paris, place Vendôme et au Château de Bétange en Lorraine.

La propriété de Bel Air sur le plateau domine Bièvres, elle comprend 37 hectares de bois, cultures, verger, potager ; elle est entourée de murs sauf une petite partie fermée par des grilles ou des palissades.
L’inauguration des nouvelles constructions, séminaire et chapelle, a lieu le 22 octobre 1890. Les bâtiments s’avèrent rapidement exigus, aussi un donateur inconnu met il à la disposition de l’œuvre la somme nécessaire pour l’agrandissement du séminaire, une aile parallèle à la chapelle est construite.
La formation des prêtres-missionnaires commençait à Bièvres.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le séminaire est l’objet de réquisitions ; la première, le 5 septembre 1939, par l’autorité militaire comme hôpital, il porte alors le nom « d’Hôpital complémentaire V.R.78 », il sera occupé en totalité jusqu’au 12 juin 1940 ; la seconde, par les Allemands qui prennent possession du domaine le 20 juin. (11). La Luftwaffe restera sur le site jusqu’en 1944. L’armée américaine prend le relais et occupe 5 hectares de terrain et bois jusqu’au 14 mars 1946. (12)
En 1966, le 15 juin, le domaine de Bel Air fait l’objet d’un arrêté de classement à l’Inventaire des Sites.
1982 : un projet d’acquisition de Bel Air par le Ministère de l’Intérieur est à l’étude, « propriété d’une superficie de 38 ha très bien située à Bièvres dans un cadre et un environnement très agréables, supportant une construction de caractère et stylée « le Château de La Vallière » et un grand immeuble « le Séminaire de l’Immaculée Conception » exceptionnel tant par ses dimensions que par sa spécificité. En dépit de leur importance, l’ensemble de ces constructions et ses dépendances sont dans un très bon état d’entretien. » (13)
Le massif boisé d’une superficie de 233. 277 m2 est planté d’arbres d’essences diverses, chênes, chataîgniers, tilleuls, peupliers, bouleaux.
La congrégation dite « Séminaire des Missions Etrangères » se sépare de ce domaine où elle était implantée depuis près d’un siècle.
L’acquisition par le Ministère de l’Intérieur est réalisée en 1984.
La C.R.S. n°8 installée définitivement à Bièvres depuis le 15 mai 1986 et partage le site avec le RAID, unité à laquelle elle sert d’appui logistique et occasionnellement opérationnel. (14)

(1). M. Milhau – Conservation Régional des Bâtiments de France. 1963(2). Archives Nationales (X 1 b 9669).(3). Archives municipales de Bièvres (D 23).(4). Archives municipales de Bièvres Matrice foncière 1810 (G 62).(5). Archives municipales de Bièvres Matrice foncière 1820 (G 62).(6). Registre des délibérations du conseil municipal de Bièvres de 1820.(7). Archives municipales de Bièvres (G 62).(8). Monographie de Bièvres. Archives départementales de l’Essonne.(9). Archives municipales de Bièvres (H 110).(10). Archives des Missions Etrangères de Paris(11). Archives municipales de Bièvres (H 110)(12). Archives municipales de Bièvres (H 110)(13). Direction Générale des Impôts. Avis du Domaine 1982(14). Historique de la C.R.S. n°8

Dossier réalisé par Les Archives Vivantes de Bièvres

Localisation

Partager cette page sur :