Née à Montpellier le 6 novembre 1784 – Morte à Paris le 7 juin 1838

« On l’appelait le Pavillon de Bain… La salle de bain était en effet au rez-de-chaussée de cette petite maison en miniature et rien n’était plus gracieux que sa position.Il était au milieu du parterre et de l’orangerie et une laure-junot-maisonpartie de l’année entouré du parfum des orangers, des myrtes et de toutes les plantes exotiques que renfermait la serre qui était fort belle. »
(Histoire des salons de Paris T2) – Duchesse d’Abrantès

Le pavillon « Marie-Antoinette », tout ce qui veste actuellement de la propriété « Le Petit Bièvres », et que la Duchesse d’Abrantès appelait le « Pavillon de bain ».
« Nous avions acheté cette maison de campagne appelée le Petit Bièvres, il y avait peu de mois et c’était encore un don de Napoléon ».

(Mémoires de la Duchesse d’Abrantès)

Cette campagne, car ce n’était pas assez considérable pour être appelé une terre, ni un château, était un charmant lieu d’agrément et tout à fait ce qui était nécessaire à Junot comme à moi, en ce que nous pouvions y venir en peu de temps et qu’il lui était possible de se distraire quelquefois en chassant dans les bois de Verrières et sur les étangs de Saclé… »

(Histoire des Salons de Paris T2 l’atelier de Madame de Montesson à Bièvres)

C’est ainsi que la Duchesse d’Abrantès parle de la propriété appelée « Le Petit Bièvres ».

« La fête que Junot me donna eut quelques particularités assez remarquables, entre autres celle de faire dîner soixante-dix personnes autour d’un arbre dont le vaste ombrage abritait non seulement les soixante-dix personnes mais toute la salle ou plutôt le bosquet dont lui seul formait la feuillée. Cet arbre magnifique était un platane : Mon maître d’hôtel et l’officier avaient eu une idée ingénieuse en plaçant la table autour de l’arbre qui de cette manière formait un sur tout d’un genre peut-être unique. Le tronc de l’arbre était orné de chiffres en fleurs, de devises, tandis que les guirlandes de fleurs fraîches, une foule d’oiseaux dans des cages cachées, couvraient ses immenses rameaux aux belles et larges feuilles… »

Nous avons vendu Bièvres à un Monsieur de Neuvry qui a eu la barbarie de faire abattre la maison, couper tous les arbres du parc, excepté pourtant le beau platane, les deux tulipiers et le grand peuplier où l’on voit encore aujourd’hui ces arbres au milieu d’un champ de blé. (Note de l’auteur). (Mémoires de la Duchesse d’Abrantès)

Laure Permon naît à Montpellier le 6 novembre 1784,

Le 30 octobre 1800, elle épouse le Général Andoche Junot (elle a 16 ans, lui 29).

Junot mourra en 1813. Laure Junot, Duchesse d’Abrantès est veuve à 29 ans.

Sous le Consulat et l’Empire, elle participe à la vie de la cour, dont elle sera une des femmes les plus brillantes, faisant de son salon le rendez-vous de la société impériale.

Libre et passionnée, elle a une vie amoureuse mouvementée. On lui connaît de nombreux amants. Citons : Metternich, Maurice de Balincourt, Honoré de Balzac.

Amie de Madame Récamier, de Chateaubriand et de Sophie Gay, elle rencontre sans doute chez celle-ci, Honoré de Balzac, en 1825.
De littéraire, leur liaison devient vite amoureuse.

La carrière littéraire de la Duchesse d’Abrantès

La Duchesse ayant des difficultés financières, Balzac lui suggère de rassembler ses souvenirs et d’en faire un recueil. La mode est aux Mémoires.

« … Elle fera revivre des personnages devenus légendaires, évoquera l’Histoire grande et petite, l’envers du décor dont le public est si friand et pourra signer de son nom : il sonne si bien, quel merveilleux appât pour les lecteurs ! Elle est d’autant plus tentée qu’avec son imagination exubérante et sa faconde intarissable, Balzac lui fait miroiter des succès mirobolants, la célébrité et de l’argent à ne savoir qu’en faire. L’idée la séduit…
… En 1826, elle se met au travail. Sa documentation est vaste … Sa mémoire fourmille d’anecdotes, son imagination n’est pas moins fertile…
Balzac est là pour conseiller, corriger, prendre la plume au besoin, relever telle tournure maladroite, donner plus de relief à telle situation.

… Après quatre ans d’un labeur acharné la Duchesse est en mesure de proposer un manuscrit à un éditeur…
Balzac la pilote dans ce monde tout neuf pour elle… Prenant l’affaire en main il discute du contrat avec le « Libraire » Ladvocat. Une habile réclame a préparé le public et excite sa curiosité. »

Laure Junot, Duchesse d’Abrantès par Nicole Toussaint du Wast

Dans le Journal des Débats du 16 mai 1831, paraît un long article élogieux signé Charles Nodier pour la sortie des Mémoires de la Duchesse d’Abrantès. L’ouvrage attendu avec impatience connaît un succès immédiat.
Il suscite aussi de nombreuses critiques.
Il est aisé de prouver que les souvenirs de la Duchesse avaient parfois une origine livresque, souvent inexacts – voire sur des points précis, avancer qu’elle avait fardé la vérité.
Les Mémoires de la Duchesse d’Abrantès (18 volumes) couvrant la période allant de la Révolution à la chute de l’Empire ont paru de 1831
à 1835.
Elle écrira aussi L’Histoire des Salons de Paris et de nombreux romans tous plus oubliés les uns que les autres.
Elle aura une fin de vie misérable.
Malade, sans argent, elle se fait admettre à force de supplications dans une maison de santé 70, rue de Chaillot. « Un petit lit dans une chambre misérable, c’est là qu’elle mourra, seule le 7 juin 1838. »

« Ce que l’âge, la maladie, la misère avait arraché à la femme, la mort le rend à la Duchesse, elle retrouve enfin son rang : tout Paris est là, tout Paris lui rend hommage et l’accompagne à sa dernière demeure au cimetière Montmartre.
En tête de cortège, avec les fils, marchent Hugo, Chateaubriand, Dumas suivis par la plupart des notabilités sociales, politiques, littéraires et artistiques.
Un comité se forme pour élever un monument à sa mémoire au Père Lachaise… au dernier moment, le Conseil de Paris refuse le terrain nécessaire à l’érection du mausolée.
Outré d’une telle mesquinerie Victor Hugo compose un poème, glorifiant la disparue et vilipendant les édiles. »

Laure Junot, Duchesse d’Abrantès par Nicole Toussaint du Wast

A LAURE, DUCHESSE D’ABRANTES

Laure Junot

Laure Junot

Puisqu’ils n’ont pas compris dans leur étroite sphère.
Qu’après tant de splendeur, de puissance et d’orgeuil,
II était grand et beau que la France dût faire
L’aumône d’une fosse à ton noble cercueil ;
Puisqu’ils n’ont pas senti que celle qui sans crainte
Toujours loua la gloire et flétrit les bourreaux,
A le droit de dormir sur la colline sainte,
A le droit de dormir à l’ombre des héros ;
Puisque le souvenir de nos grandes batailles
Ne brûle pas en eux comme un sacré flambeau ;
Puisqu’ils n’ont pas de cœur ; puisqu’ils n’ont point d’entrailles :
Puisqu’ils t’ont refusé la pierre d’un tombeau ;
C’est à nous de chanter un chant expiatoire !
C’est à nous de l’offrir notre deuil à genoux !
C’est à nous, c’est à nous de prendre ta mémoire
Et de l’ensevelir dans un vers triste et doux !
C’est à nous cette fois de garder, de défendre
La mort contre l’oubli, son pâle compagnon ;
C’est à nous d’effeuiller des rosés sur la cendre ;
C’est à nous de jeter des lauriers sur ton nom !
Car ton cœur abondait en souvenirs fidèles !
Dans notre ciel sinistre et sur nos tristes jours,
Ton noble esprit planait avec de nobles ailes.
Comme un aigle souvent, comme un ange toujours !

Victor Hugo – Extrait de Les Rayons et les Ombres

Source: Bièvres et ses célébrités au 19e siècle

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