La Bièvre est une rivière exceptionnelle. C’est le dernier cours d’eau aux portes de Paris à s’écouler à l’air libre sur la plus grande partie de son cours.

Longue de 36 kilomètres, la Bièvre prend sa source au quartier des Bouviers à Guyancourt. Elle s’écoule ensuite vers l’est au milieu des prairies et des versants boisés de Buc, Les Loges-en-Josas, Bièvres, Igny, Verrières le Buisson puis elle disparaît au coeur d’Anthony dans les souterrains de l’urbanisation. Avant d’être enterrée dans Paris à la fin du XIXe siècle et raccordées aux égouts dans les années 50, elle rejoignait la Seine près du pont d’Austerlitz.

La Bièvre, qui a façonné le relief de la vallée, a attiré des populations importantes autour de ses berges et favorisé le développement des activités humaines. En retour, la rivière a été façonnée par l’homme, et son aspect actuel (tracé, profil…) résulte des multiples aménagements qu’elle a connus depuis le néolithique.

Dès le XIIe siècle, les moines de l’Abbaye Saint Victor de Paris dévièrent la Bièvre pour la faire entrer dans leur domaine et arroser leurs jardins.
La rivière a la particularité d’être une eau sans calcaire, qualité qui explique son utilisation très diverse en particulier par les teintureries, les mégisseries, les tanneurs ou encore les lavandières.

La qualité de son eau a d’ailleurs été reconnue par les Gobelins qui s’installèrent le long de la Bièvre à Paris au XVe siècle. La manufacture Oberkampf s’installe à Jouy-en-Josas en 1760.

Les berges de la rivière ont été un lieu d’activités artisanales et industrielles important, ce qui a fortement contribué à sa transformation. Afin de créer les chutes d’eau nécessaire à l’alimentation en eau des moulins (il y en avait 120 le long de la rivière), le lit de la rivière fut doublé d’un bras usinier parallèle, dit Bièvre vive, coulant à environ 3 m au-dessus de la rivière naturelle appelée alors Bièvre morte ou « fausse rivière ». La création de ce bras artificiel est antérieure à 1550.

Au milieu du XIXe Siècle, suite à la publication du rapport général du Conseil de salubrité dénonçant l’état de la Bièvre, les différentes manufactures de toile sont progressivement fermées.

Bief Croulebarbe au moment de la couverture de la Bièvre. Paris (XIIIème arr.). Photographie d’Henri-Cimarosa Godefroy (1837-1913). Tirage sur papier albuminé. Paris, musée Carnavalet.

« La Bièvre et ses tanneries (au bas de la rue des Gobelins), vers 1865 ». Paris (XIIIème arr.), vers 1865. Photographie de Charles Marville (1813-1879). Paris, musée Carnavalet.

Tanneries sur la Bièvre

Tanneries sur la Bièvre

 

« Tanneries au bord de la Bièvre, vers 1865 ». Paris (XIIIème arr.). 1865-1868. Photographie de Charles Marville (1813-1879). Paris, musée Carnavalet.

Jules Richomme (1818-1903). Tannerie sur la Bièvre. Paris (Vème arr.). Huile sur toile. 1892. Paris, musée Carnavalet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis 1912, la Bièvre a totalement cessé de couler à ciel ouvert dans Paris. Les eaux de la Bièvre sont intégrées au réseau d’assainissement et sont dirigées vers des stations d’épuration. La Bièvre avait ainsi perdu son statut de cours d’eau qu’elle a retrouvé en 2007, grâce, entre autres, à la volonté de rouvrir la rivière à l’aval.

En partant de l’amont vers l’aval, six gares permettent d’accéder aux sentiers piétons qui longent la rivière : les gares du Petit Jouy les Loges, de Jouy-en-Josas, de Vauboyen, de Bièvres, d’Igny et de Massy-Palaiseau.

Aujourd’hui, sur les 36 kilomètres du tracé, seuls 20 sont encore en plein air, et 11 kilomètres sont canalisés sous dalle hors de Paris. À Paris, le tracé a été remplacé par des égouts profonds ou a totalement disparu sous les remblais et l’urbanisation. Certains tronçons enterrés de la rivière font actuellement l’objet de projets de réouverture comme à Jouy-en-Josas.

 

 

Selon une hypothèse répandue, la Bièvre doit son nom à la présence très ancienne de castors sur ses rives. Pour mieux comprendre, un rapide retour sur l’étymologie du mot castor s’impose : du gaulois bebros en passant par le latin beber, le mot castor a fini par remplacer le mot bièvre pour désigner le rongeur. Cette hypothèse semble se vérifier si l’on s’intéresse aux armoiries de certaines communes traversées par cette rivière, comme Bièvres (Essonne) ou Guyancourt (Yvelines) qui arborent un castor. Il est également possible de retrouver le rongeur disposé de part et d’autre du blason du 13e arrondissement, où serpentait autrefois la rivière.

 

LA BIÈVRE FANTASQUE ET DANGEREUSE

Elle est la cause d’inondations catastrophiques, balayant tout sur son passage et faisant des victimes.
La Bièvre connaissait des crues d’hiver, liées à la fonte des neiges et des glaces. Ce phénomène a disparu à la moitié du XIXe siècle sans avec le radoucissement général du climat.
Les crues relatées concernent plus particulièrement Paris et ses faubourgs avec par exemple la crue historique d’avril 1579. La Bièvre amont a aussi connu des inondations mais moins spectaculaires grâce à une urbanisation plus diffuse.
Pourtant, dans la nuit du 21 au 22 juillet 1982, la vallée a connu une importante inondation. Ce sont 110 mm de précipitations qui se sont abattues sur la haute vallée en trois heures. Puis en juillet 2001, un épisode orageux a de nouveau entrainé d’importants dégâts.
La lutte contre les crues reste un problème majeur. Aujourd’hui, le débit de la rivière est géré par un système de télégestion du débit mis en place par le Syndicat Intercommunal assainissement de la Vallée de la Bièvre (SIAVB).

 

Dès le XVIe siècle, des réglementations interviennent. On demande « aux riverains qui avaient commercé avec cette rivière de la curer régulièrement, de soutenir les berges et aux teinturiers, tanneurs ou mégissiers de ne déverser que de l’eau claire dans la rivière, avec interdiction d’y jeter des pierres, écharnures et autres immondices. »
Il y a des « gardes Bièvre » qui doivent faire observer ces ordonnances.
Puis devant les plaintes des riverains, on projette de la recouvrir. Haussman devant le Conseil municipal de Paris prononce sa condamnation à mort : « le ruisseau infect de la Bièvre ne versera plus ses flots fangeux dans la Seine… ».

 

 

Partager cette page sur :