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Cette propriété acquise en 1748 par Pichaud de la Martinière devint celle de Jean-Hacques Dolfus en 1810.
Le château est resté intact, mais les restes de la manufacture de toile peinte que Jean-Jacques Dolfus y développa entre 1803 et 1840 sont incertains.

 

 

 

Les Dollfus : une famille de Manufacturiers de toiles peintes.

On cite la manufacture de toile peinte de Mulhouse, Dollfus et Cie, dite Manufacture de la Cour de Lorraine, comme Tune des plus considérables de l’époque.
A la fin du 18e siècle, elle occupe le premier rang dans ce domaine pour la beauté de ses produits et l’agrément de ses dessins.
En effet, en 1806, Dollfus Mieg et Cie imprime 34.000 pièces de toile et emploie 7000 à 8000 ouvriers.
Peter Dollfus descendant des Dollfus de Mulhouse, fut également manufacturier de toile peinte, à Guebwiller.
Son fils Hans Jacob (Jean-Jacques) Dollfus, renonça à la succession de son père, quitta l’Alsace, à la recherche d’un site favorable à l’installation de sa propre entreprise. Ce fut lui qui développa la Manufacture de toile peinte à Bièvres.

La Vallée de la Bièvre, un site favorable à l’implantation manufacturière

Christophe Philippe Oberkampf avait créé en 1760 à Jouy-en-Josas, une industrie de toile peinte, devenue florissante au cours du 18e siècle et au milieu du 19e siècle.
Cette première manufacture s’était implantée dans la vallée de la Bièvre qui réunissait plusieurs conditions très favorables.
Tout d’abord une main d’œuvre potentielle abondante.
En 1759 la vallée de Jouy à Bièvres, n’offrait à ses habitants pauvres et oisifs les 3/4 de l’année, que la récolte des foins et quelques coupes de bois à exploiter. Ses coteaux restaient jusqu’alors en friches…

En s’installant à 5 lieues de Paris, Oberkampf pariait qu’il trouverait sur place les travailleurs indispensables pour sa fabrique.
En 1760 les paroisses riveraines de la Bièvre, de Vauhallan à Jouy comptaient environ 2200 habitants.
Or cette implantation permit à la population de la Vallée de s’accroître de 89 % de 1760 à 1790. (La population de Jouy quadruplant pour sa part).
Cela explique que des concurrents aient pu en 1800 monter une autre manufacture d’impression à Bièvres.
Bièvres connut à son tour à cette époque une augmentation de 56 % de sa population.
La présence d’une rivière aux eaux très pures était également une condition nécessaire à cette implantation, car elle permettait le bon rinçage des pièces de toiles peintes.

Une manufacture en plein essor

La manufacture de Bièvres, fondée par Brémond et Cie, existait depuis 1798 environ. Mais à la fin de l’année 1803, son activité était presque nulle, quand Hans Jacob (Jean-Jacques) Dollfus fut intéressé par sa remise en marche.
Serge Chassaane, dans son livre sur Oberkampf, fait état d’une note qu’il aurait trouvée dans l’agenda de ce dernier et où il est écrit :  » Dollfus qui a acheté la manufacture de Bièvres, me l’a offerte six mois après et à y être à mes gages, c’est le fils de celui chez lequel j’ai travaillé comme graveur à Mulhouse en 1757″.
Cette note met en lumière le premier souhait de J.J. Dollfus d’associer les deux manufactures, tout en travaillant lui-même sous la direction d’Oberkampf. Il aurait ensuite changé d’avis, et décidé de s’installer à son propre compte.
L’acquisition de la manufacture ayant eu lieu en 1803, Jean-Jacques Dollfus est tout d’abord associé à la femme d’un neveu, fille du banquier Jean Henri Gontard.
Une première société au capital de 164.000 frs dure neuf mois. Une deuxième société dure jusqu’en 1827, constituée sous la raison Roechling et Cie.

Note sur le travail salarié des enfants et adolescents dans les Manufactures aux environs de 1830 à Bièvres en particulier.
Les enfants employés étaient originaires de Bièvres, ou des villages tout proches.
A cette époque les enfants fréquentaient très irrégulièrement I’ école. Beaucoup étaient totalement analphabètes, en raison de la résistance à la scolarité de leurs parents ; ceux-ci alléguant parfois la fatigue de leur progéniture, mais très souvent la misère, et l’impossibilité de se passer de l’apport même modique du salaire de leurs enfants.
Les enfants étaient ordinairement employés à des travaux auquels les ouvriers adultes ne pouvaient pas se prêter, à cause de leur peu d’importance et du peu d’espace qu’il était possible d’accorder dans les ateliers où souvent, ils devaient se placer sous les machines.
La très grande majorité d’entre eux étaient voués à des tâches répétitives, n’exigeant généralement pas de qualification poussée, et n’autorisant guère la moindre initiative.
… Ils assistaient le plus souvent les travailleurs adultes – leurs parents dans bien des cas – qui leur confiaient les besognes requérant rapidité et souplesse d’exécution.
Qui étaient ces enfants et adolescents ? dans quelles couches sociales se recrutaient-ils ?
Très souvent ils étaient issus de « familles ouvrières » et travaillaient dans le même établissement que leurs parents.
« Surveiller » les enfants, cela semble avoir été un souci constant de bien des parents, hantés par les sanctions frappant alors toute forme de vagabondage et démunis pour résoudre le problème de la garde de leur progéniture : point de crèches, des salles d’asiles (garderies) trop rares, surtout en milieu rural.
En septembre 1837 :
Dans la fabrique d’impression de Bièvres, les enfants « Tireurs » gagnent de 35 à 45 centimes par jour selon leur force et celle du maître qu’ils servent. (Rappelons qu’un pain de 2 kg vaut alors 50 centimes et qu’un adulte du textile gagne environ 2 frs par jour).
Une phrase du rapport du Maire de Bièvres (Pierre Henri Dollfus, manufacturier lui-même) signale : « II n’est pas facile de maintenir la discipline, parmi un grand nombre d’enfants, avec la parole seulement… cependant on veille toujours à ce qu’ils ne soient pas maltraités. Je ne connais pas d’exemple d’accidents ou d’infirmités par suite de mauvais traitements. »
L’usage de nerf de bœuf, en vigueur dans certaines manufactures de Haute Normandie, au début du siècle, semble avoir été ignoré dans les établissements de notre région.
Centre Départemental de Documentation Pédagogique de l’Essonne.

En 1827, les trois beaux frères, Pierre Henri Dollfus, Charles Henri Roechling et Médard Baumgarten reprennent en nom collectif la manufacture toujours dirigée par leur père Jean-Jacques Dollfus.
La maison en activité en 1806 occupait 200 ouvriers, imprimant 12.000 à 15.000 pièces à façon, en toiles, piqués et bazins, pour le compte de négociants de Paris, Amiens, St Quentin, Bruxelles, Rouen, Bordeaux et Montpellier.
En 1831 elle employait 350 personnes (125 hommes, 90 femmes, 125 enfants.)

En 1840 : la faillite

Les sacrifices qu’entraînaient les perfectionnements continuels de l’outillage étaient considérables.
En 1840 c’est la faillite.
Cette année là, des revendeurs de métaux achètent pour 200.000 frs la manufacture de Bièvres, estimée trois ans plus tôt à 850.000 frs par ses propriétaires, et assurée contre l’incendie pour 950.00 frs.
La Société Dollfus, Baumgerten et Cie, dissoute le 3 février 1840 est liquidée à la fin de l’année. Le déficit de l’année en 1839 était de 104.380 frs.
– « Dans cet état de chose », explique le gérant Médard Baumgarten aux actionnaires, « il devient impossible de continuer l’exploitation sans compromettre tout l’actif social et marcher à une ruine certaine ».
Parmi les 19 actionnaires présents à cette Assemblée Extraordinaire, 2 gros porteurs : Armand Marie Bertin, propriétaire du Journal des Débats, fils du propriétaire des Roches, gendre de Jean-Jacques Dollfus (360 actions).
Becker, demeurant place de la Concorde à Paris (250 actions).

Extrait de Oberkampf de serge Chassagne

Source : Bièvres et ses célébrités au 19e siècle

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