Né à Paris en 1884, mort à Valmondois en 1966

Dans sa jeunesse, il partagea sa vie entre sa carrière de médecin et celle d’homme de lettre.

« … Dès l’automne 1902, je commençai le P.C.N. (sciences Physiques Chimiques et Naturelles… vers cette époque je liai connaissance avec plusieurs jeunes écrivains parmi lesquels Vildrac puis Arcos et bien d’autres. L’idée de devenir écrivain prit peu à peu place dans mon esprit… elle faisait assez bon ménage avec ma vocation médicale… » Mort à Valmondois en 1966

Extrait de Georges Duhamel par lui-même (texte inédit datant des années 30)

georges-duhamelEn 1906, il fonda avec C. Vildrac, H.N. Barzun, R.Arcos, le peintre A. Gleizes et A. Mercereau une sorte de phalanstère littéraire et artistique qui avait son siège à Créteil: « L’abbaye ».

« … Dès maintenant je dois parler de l’Abbaye. Plusieurs fois par semaine, nous nous réunissions le soir chez l’un ou l’autre. Vildrac semblait tourmenté d’un rêve merveilleux, celui d’une sorte d’abbaye de Thélème selon Rabelais. « Nous devrions, disait-il, nous retirer tous ensemble à la campagne et vivre comme des moines libres et sans autre règle que celle de l’amitié, consacrant une part de notre temps à la poésie, et l’autre à quelque métier manuel qui nous permettrait d’assurer notre vie matérielle… »
…Dès lors les choses allèrent très vite : la maison fut trouvée, à Créteil, …Le Phalanstère était fondé… »

Extrait de Georges Duhamel par lui-même (texte inédit datant des années 50).

Georges Duhamel a témoigné de cette aventure dans :

Le Temps de la Recherche (1947)
et de manière fictive, dans :
Le Désert de Bièvres, 5e volume de la Chronique des Pasquiers (1937).

Extrait du livre Le Temps de la Recherche
Volume III de Lumière sur ma vie.

… »Au demeurant, j’étais fourbu ; ma santé me donnait du souci. Nous résolûmes, Blancheet moi, de nous transporter, pour la belle saison, dans une campagne reposante et nous entreprîmes quelques prospections. Nous eûmes la chance de trouver, à Bièvres, aux frontières de l’agglomération, une petite bicoque meublée pourvue d’un colombier désert…
Le buisson de Verrières prenait au bout de la prairie qui jouxtait notre domaine temporaire. Bièvres n’était pas encore la province et ce n’était déjà plus la banlieue, du moins en ces temps lointains. Le Val de Bièvres avait été chanté par Hugo : il était vert et riant, hanté de nobles souvenirs…
Du séjour de Bièvres, il me faut parler au moins brièvement, car il n’a pas été sans exercer une action sur certaines de mes pensées et en particulier sur mon sentiment de la nature. Quand notre travail nous laissait relâche, nous partions, Blanche et moi, pour de longues promenades à pied dans les champs ou la forêt. En ce temps là, le plateau de Saclay, avec son étang à demi desséché, était parfaitement agreste et paisible. Le silence n’y était point troublé par les ronflements irrités des avions. Je dois beaucoup à ces errances… »

Extrait de Le Désert de Bièvres
(5e volume de la série des Pasquier) Chapitre premier

… « Le chemin qui, venant de Jouy, longe le Val de Bièvres sur la rive gauche, est étroit et nonchalant. Il s’insinue, à flanc de colline, entre les murailles et les haies de riches propriétés bourgeoises. Parfois, à la faveur d’une venelle, d’une grille, d’un verger baîllant aux brises, l’œil s’échappe vers les collines boisées de la rive méridionale, et le voyageur, un instant, aperçoit le fond du val avec les prés et les jardins où la rivière se prélasse…
C’est là, s’il faut en croire la légende, que s’est exhalée, jadis, la tristesse d’Olympio. Le poète aurait peine à retrouver maintenant le silence de ses songeries. Pareils à des nids de frelons, les aérodromes installés sur les plateaux du voisinage lancent tout le jour dans le ciel des essaims de machines grondantes…
Mais le chemin qui court, au nord, entre les domaines bien clos, est encore à peu près tel qu’il apparaissait, par une assez triste soirée de janvier 1907, aux yeux de quatre jeunes gens qui se dirigeaient en causant tous ensemble, vers la petite ville de Bièvres.
… Ah ! Nous arrivons au village, comme la petite place est belle ! … Par là, ça monte vers l’église. Ici, la route de Paris, c’est une route magnifique ! Elle s’élève doucement, doucement, jusqu’au plateau de Châtillon.
On découvre les vergers, le fort, les genêts jaunes au printemps, et, tout à coup, Paris, en bas, dans la plaine où le vent chasse toutes les fumées dans le même sens…
– Où nous emmènes-tu, Justin ? – … « Par là, dit-il, on retourne vers la gare. Laissez-moi réfléchir une demi-seconde. Par là, c’est le vieux moulin… »

Les jeunes de l’abbaye ont imprimé une quinzaine d’ouvrages en une année : de janvier 1907 à l’hiver 1907, date à laquelle ils abandonnent l’expérience en raison du manque d’argent et de discordes internes.
De cette époque datent plusieurs recueils de poèmes unanimistes comme :
– Des légendes des Batailles (1907).
Georges Duhamel obtint sa licence es sciences en1908 et son doctorat en médecine en 1909…
« J’avais un très fervent et naïf désir de soigner, de consoler » … (Travail, ô mon seul repos, 1958)
Cette même année, il se maria avec Blanche Albane, il avait vingt-cinq ans.

Blanche Albane (1886-1975) nom de théâtre de Blanche Sistoli.

Elle a connu Georges à l’Abbaye en juillet 1907 et l’a épousé en décembre 1909.
Élève du Conservatoire, pensionnaire d’André Antoine à l’Odéon, remplaçante de Sarah Bernardt, elle fit partie du Vieux Colombier dès sa création par Copeau en 1913 et joua avec Roger Karl, Dullin, Jouvet.
Après la guerre, elle fut aux côtés de Pitoëff, puis quitta la scène pour se consacrer à ses enfants et à l’œuvre de son mari.
« C’est celle que je ne veux pas appeler autrement que la jeune fille de juillet. » (Le Temps de la Recherche).

1910 : Recherches biologiques au laboratoire Clin. Il écrivit en collaboration avec Vildrac un livre de réflexion esthétique : Notes sur la technique poétique.

1912 : Georges Duhamel tint la critique de poésie au Mercure de France. Il publia à cette époque divers ouvrages de poésie et d’essais et fit jouer, à Paris ses trois premières pièces : La lumière, Dans l’ombre des statues, Le Combat.

1913 : Publication d’un recueil des chroniques du Mercure de France : Les poètes et la poésie.

1914 : Mobilisé dans le service santé, il demanda à servir dans une unité combattante, fut aide-major dans un régiment puis chirurgien, chef d’équipe dans un hôpital du front. A la suite de cette expérience, il publia en 1917 :
La vie des martyrs, qui fit connaître son nom au grand public.

Dès 1918, Georges Duhamel se consacra uniquement à la littérature, voyagea, rapporta des pays qu’il avait visités des livres d’un genre nouveau et des impressions différentes : Civilisation (Prix Goncourt)

En 1919 : La possession du mondeEntretiens dans le tumulte.

1920 : Elégies (Poèmes), Confession de minuit, (roman dans lequel apparaît le personnage de Salavin auquel quatre autres livres seront consacrés).

1933 : Début de la Chronique des Pasquier.

1935 : II prit la direction du Mercure de France qu’il garda pendant deux ans.

1940 : « Positions Françaises » fut saisie par les autorités allemandes et brûlée en même temps que « Civilisation ».

1941 : II put encore publier le tome IX des Pasquier. A partir de ce moment, toute publication fut interdite par les Allemands.

1945 : II reprit ses voyages et publia de nombreux livres et essais.

1966 : II mourut à Valmondois (Val d’Oise) en 1966.

 

Lettre du Dr Bernard Duhamel, fils de Georges Duhamel.

Madame,

Voici les seuls documents photographiques concernant le séjour de mes parents à Bièvres pendant l’été 1911.

Ce séjour est évoqué dans Le Temps de la Recherche (volume III de Lumière sur ma vie), p. 169 à 176, il est aussi question, p. 28 d’une imprimerie coopérative qui se serait installée plus tard à Bièvres.
Je vous rappelle enfin que c’est à Bièvres, en raison des souvenirs précis qu’il avait gardés de son séjour de 1911, que Georges Duhamel a placé la transposition romanesque de l’Abbaye de Créteil, sous le nom de Désert de Bièvres. Dans ce roman, on trouve des descriptions de Bièvres et de ses environs à cette époque.

Je vous prie de croire à mes sentiments dévoués.

Une grande partie de cette documentation est extraite du catalogue de l’Exposition G. Duhamel (1985) conçue par l’Association des Amis de l’Abbaye de Créteil (présidée par M. Bernard Duhamel) et mise en œuvre avec la Délégation à l’Action Artistique de la ville de Paris.

Source: Bièvres et ses célébrités au 19e siècle

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